Une enquête s'intéresse aux pratiques du MNR
(Extrait du “Parisien du 16  avril 2001)

(Extrait du Parisien du 16  avril 2001)

UNE ENQUÊTE à grande échelle vient d’être initiée par le parquet de Seine-Saint-Denis contre les agissements présumé du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret dans le département.

Au total, une soixantaine de noms, autant de plaintes, ont atterri à la mi-mars, sur le bureau du procureur de Bobigny.

   Alors que le parquet de Versailles(Yvelines),

pour une affaire similaire, n’avait choisi que” le recel d’abus de faiblesse ,celui de Bobigny va beaucoup plus loin. Trois qualifications, qui renvoient à des délits de droit commun ou spécifique ont cette fois été retenues:les poursuites engagées font état, en premier lieu, de manœuvres frauduleuses de nature à fausser la sincérité et les résultats du scrutin” Les deux autres mentionnent le “faux et usage de faux”,ainsi que “l’obtention indue d’un récépissé de déclaration de“candidature”.

En clair, il s’agira de savoir si le parti d’extrême droite a abusé certaines personnes en les inscrivant comme candidates contre leur gré sur les différentes listes qu”elles présentaient aux municipales. Avant les premier et second tours du scrutin, les 11 et 18 mars, plusieurs plaintes avaient émané de “candidats malgré eux”.

Aux Pavillons-sous-Bois par exemple, sept personnes habitant du quartier de la Poudrette avaient porté plainte

(“le Parisien” du 6 mars)  “pour escroquerie”.L a même mésaventure  serait arrivée à une dizaine de colistiers MNR sur la ville de Sevran ( “ le Parisien du 9 mars).Six d’entre eux auraient déposé plainte, cette fois pour ”abus de confiance”.Presque tous disent avoir été démarchés à leur domicile ou dans la rue par des personnes leur mettant sous le nez une pétition réclamant moins d’insécurité ou plus de policiers à Sevran.

Bien qu’ils reconnaissent avoir signé de bonne foi la pétition, ils ont par contre démenti avoir été officiellement sollicités par le MNR pour figurer sur la liste des candidats aux municipales. Joël, un militant communiste,

s’indignait en ces termes: “Comment aurais-pu être candidat du MNR puisque j’adhère au PC depuis trente ans ? “ avant de condamner “ces méthodes scandaleuses qui salissent les élections”.

 Sevran, Les Pavillons, mais aussi Bondy , Bagnolet, Aulnay, Pierrefitte, Tremblay,

Le Raincy, Saint-Denis... une quinzaine de villes- le MNR présentait une liste dans dix-neuf  communes -apparaissent derrière la soixantaine de plaintes (émanant surtout de femmes et de personnes âgées) transmises au parquet.

 Une enquête préliminaire a été diligentée le 3 avril dernier, ce que confirmait vendredi Jean-Louis Voirain, adjoint au procureur de la République de Bobigny.

La brigade des affaires sanitaires et des libertés (ex-4e cabinet de délégation judiciaire), qui dépend de la préfecture de police de Paris, devra tirer au clair cette épineuse affaire avant le 30 juin prochain. La saisine de cette brigade qui a compétence sur l’Ile-de-France permettra de faire d’éventuels rapprochements entre les très nombreuses plaintes enregistrées en Seine-Saint-Denis et celles d’autres départements. Comme le confie une source proche du dossier,”il faut savoir si ces pratiques ont existé ailleurs. Le MNR a-t-il donné des directives en ce sens à l’échelon régional, voire national”. Un autre confie en aparté :”Avec la loi sur la parité hommes-femmes, tous les partis ou presque ont eu du mal à composer leurs listes.

C’est le cas du MNR, mouvement très masculin, qui tenait à être massivement présent pour damer le pion au FN, le rival d’extrême droite, et affaiblir la droite classique”